De même que les Amis de la Collégiale s’évertuent à rendre sa dédicace d’origine à l’église Saint-Pierre d’Appoigny, il nous a semblé légitime de rendre justice à une rivière qui, bien qu’ayant contribué à la richesse de notre terroir, est demeurée bien souvent ignorée tout au long des siècles passés.

Les journalistes en mal de copie recherchent régulièrement à meubler les périodes creuses par des sujets redondants :

Chaque année, aux premiers jours du printemps, un marronnier à fleurs rouges fleurissait sur la tombe des gardes suisses tués en 1792 dans les jardins des Tuileries à Paris ; et tous les ans un article paraissait dans la presse pour s'en faire l'écho. Ce qui finit par donner le nom de marronnier à tous les articles édités à la même époque.

La confusion de la qualité de fleuve de l’Yonne/Icauna avec la Seine/Sequana a fini par s’inscrire au rang de ces marronniers. La presse (Figaro, Le Point, Yonne Républicaine) s’en est encore emparée au cours de cette année 2023. Marronniers stériles s’il en faut, puisque l’erreur est si lointaine qu’il est devenu insensé de vouloir l’éradiquer. Nous avons donc scruté les archives pour y déceler, le terme s’impose, la source de cet abandon.

Et c’est bien de vocable qu’il s’agit, là aussi, puisque notre rivière, au gré des territoires traversés, a, elle aussi, été débaptisée, renommée, et réduite au rang d’un banal cours d’eau. Plusieurs relations concernant ses désignations nous ont été communiquées par un de nos membres, Monsieur Pierre Millat. Il nous apporte ainsi une précieuse contribution. Qu’il en soit remercié.

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REVUE DES AMIS DE LA COLLÉGIALE D’APPOIGNY N°16 2023

« C’est le passé qui nous dit qui nous sommes, sans lui nous perdons notre identité ».

Stephen Hawking, Brèves réponses aux grandes questions, Ed. Odile Jacob, 2018.

Cette réflexion, la Municipalité l’avait fait sienne en 1990. Elle prit conscience de la nécessité d’une rubrique historique dans le Bulletin municipal :

« Notre ami Robert Dumont nous a aimablement communiqué quelques-unes de ses nombreuses connaissances sur le passé d’Appoigny... ». Bulletin Municipal d’Appoigny, Rétro...viseur, n°1, janvier 1990.

Sans oublier Raymond Goussard qui vient de fêter ses cent printemps. L’un nous a mis sur la piste de Bailly, l’autre sur la vie du marquis de Chanzy. Tous les deux ont su nous transmettre la passion de notre terroir.

Dans un premier temps la rubrique du Bulletin fut consacrée à la signification et à l’origine des noms de nos rues. La tâche ne fut pas très difficile et la commission de rédaction se mit au travail sur les principales artères d’Appoigny. Mais il est une voie qui fut délaissée par les amateurs d’histoire locale :

Le chemin des Ruelles

A l’instar de cette charrière, nombre de chemins sillonnant alors le finage ne présentaient pas un intérêt suffisant pour figurer dans les pages municipales. La mémoire s’estompant et bien que des maisons commençaient à gagner les abords dudit chemin, aucune ruelle adjacente n’y fut érigée par la municipalité.

Qui aurait su que ce modeste vocable dont la signification tombait dans l’oubli, servirait de fil conducteur à l’établissement de la mémoire d’un passé, tenant alors plus de la légende que de la réalité historique.

Epona, ses chevaux, le domaine d’Eponiacus, trouvent ici leur place première dans une synthèse réunissant les fouilles du terrain et la compilation de trop rares archives du début de notre ère.

Les nécessités de notre société nous incitent à aménager toujours plus de zones en un goudronnage intensif. Paradoxalement c’est à cette occasion que les traces d’un passé lointain, déjà basé sur le transport routier et son commerce, apparaissent sous la pelle des aménageurs et viennent confirmer les hypothèses historiques.

Ce Cahier n° 16 n’a aucune prétention mais il a paru intéressant, aux Amis de la Collégiale, de figer la mise à jour de ces connaissances, afin qu’elles servent, à leur tour, de relais pour la conservation de l’identité des générations à venir.

Raymond Dhélin

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REVUE DES AMIS DE LA COLLÉGIALE D’APPOIGNY N°15 2022

Depuis huit siècles la collégiale d’Appoigny survit des injures du temps, des guerres et surtout de l’indifférence. Jusqu’en 1905 la pérennité de l’édifice fut assurée par les soins et la surveillance du Conseil de Fabrique. Tant bien que mal ce Conseil réussit à convaincre les édiles de la nécessité d’une restauration qui fut effectuée malgré les dommages de guerre de 1870. Au début du siècle dernier, la loi de séparation de l’Église et de l’État supprima les Fabriques pour en confier les attributions aux communes. Ces dernières ne virent pas toujours la nécessité de sauvegarder les témoins du patrimoine.

La prise de conscience de cette nécessité est récente à Appoigny.

Il faut saluer l’action du maire Alain Staub.

qui, le premier, engagea la première phase de restauration .

L’association culturelle des Amis de la Collégiale a pour vocation de mettre fin à l’indifférence, afin que ce vénérable édifice retrouve sa beauté première. Nous le devons aux générations d’Époniens qui, depuis huit siècles se transmettent cet héritage. Héritage considéré par les spécialistes, comme un joyau de la jeune architecture gothique, l’opus francigenum.

De passage à Appoigny, un conservateur honoraire du Patrimoine, Alain Villes, nous livra ses impressions :

« On imagine la splendeur de l'édifice, si les ravalements extérieurs étaient complets, si la polychromie d'architecture intérieure était restituée, si le jubé, les autels, la statuaire étaient toilettés, si un espace sécurisé, accessible au public, était dédié au mobilier, si les déplorables cloisons des ouvertures à l'étage médian de la nef étaient supprimées, si des planchers existaient à tous les niveaux de la tour, si les baies retrouvaient une parure de vitraux ou de grisailles, si des visites guidées étaient assurées régulièrement, dans le cadre d'un accueil permanent, si un guide du visiteur était disponible... »

Il faut saluer la volonté de la nouvelle municipalité qui a bien compris l’enjeu touristique, représenté par la collégiale. Restaurée et mise en valeur, elle nous vaudra une clientèle pour nos commerces, ainsi qu’une réputation à la hauteur de son passé historique et une fonction d'étape sur les grands itinéraires patrimoniaux.

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REVUE DES AMIS DE LA COLLÉGIALE D’APPOIGNY N°14 2021

Bien qu’il ait fait l’objet de nombreuses études au niveau national, le phénomène janséniste demeure souvent obscur pour son influence sur l’histoire locale. Malgré le très intéressant colloque des Entretiens d’Auxerre dirigés par Léo Hamon en 1983, ainsi que l’incontournable Domaine de Régennes et Appoigny , il nous a paru que le sujet serait un excellent thème pour les journées du Patrimoine. Il ne restait plus qu’à trouver le conférencier compétent.

Sa gentillesse et sa simplicité n’avaient d’égal que son savoir et son élégance, il a bien voulu nous faire profiter de son art du partage.

Linguiste et historien, Il animait plusieurs revues en région ; il a contribué à mettre en valeur le patrimoine culturel du département de l’Yonne, notamment au château de Maulnes.

Chevalier des Arts et des Lettres
Chevalier des Palmes académiques
Conseiller général honoraire
Ancien maire de Villeneuve-sur-Yonne
Président fondateur des Amis du Vieux Villeneuve-sur-Yonne
Président de la Société archéologique de l’Yonne

Jean-Luc Dauphin nous a quitté le 16 juillet 2020. Il avait dédié sa vie au service de la culture. Le départ de cet humaniste laisse de nombreux amis dans le désarroi et la tristesse.

Par bonheur il nous a légué une importante œuvre historique et littéraire, ce qui nous incite à suivre les conseils de son auteur favori, Joseph Joubert :

« Il faut compenser l’absence par le souvenir.

La mémoire est le miroir où nous regardons les absents »

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REVUE DES AMIS DE LA COLLÉGIALE D’APPOIGNY N°13 2020

Il nous faut avant tout rendre hommage à René Louis, médiéviste de renom et à Charles Porée, éminent archiviste paléographe de l’Yonne. A la demande d’André Milon, alors propriétaire du domaine de Régennes, ils ont su mettre leur compétences et leur notoriété « à transcrire et se faire transcrire les nombreux documents du XVI^e au XVIII^e siècle des archives nationales, régionales et départementales concernant la seigneurie ou le pertuis de Régennes ».

Le magnifique ouvrage qu’ils nous livrent en 1939, contient une riche bibliographie ainsi qu’une somme impressionnante de détails accompagnés de sources archivistiques précises, nous permettant, aujourd’hui, de retrouver les documents et d’en tirer de nouvelles découvertes.

La recherche effectuée impliqua une mobilisation des services que nous serions bien impuissants à reproduire de nos jours, ne serait-ce que pour d’évidentes raisons budgétaires. Cette fructueuse collaboration représente une véritable chance pour la mémoire patrimoniale d’Appoigny.

Nous nous proposons de feuilleter une nouvelle fois Le Domaine de Régennes et Appoigny à la recherche de preuves qui nous permettront de dire que, entre autres et contrairement à ce que nous livre l’Internet :

Saint Germain n’est pas né au château de Régennes !

De châteaux en fortifications, nous vous invitons à revisiter ce qu’ils nous montrent des pouvoirs temporels et spirituels de notre cité.

L’utilisation générique des plus nobles bâtiments pour y localiser les plus nobles résidents d’Appoigny fut une posture convenue chez les anciens biographes.

Nous ne nous érigeons donc pas en justiciers mais il est amusant de rendre à César ce qui appartient à César et, si possible, de remettre le Château-Bourgeois au centre du village.

Raymond Dhélin

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REVUE DES AMIS DE LA COLLÉGIALE D’APPOIGNY N°12 2019

« Après des siècles et des siècles, le savant qui étudie dans une région lointaine la toponymie et les coutumes des habitants, pourra saisir encore en elles, telle légende bien antérieure au christianisme. » - Proust, Guermantes 2, 1921, p. 418.

Prétendre historiographier Appoigny et sa région serait bien immodeste et bien audacieux quant aux capacités scientifiques que requiert ce travail. La citation de Proust évoque le « savant » et nous ne prétendons pas posséder cette qualité.

Bien avant notre ère, les évènements qui ont construit notre pays, fussent-ils légendaires, ne sont pas faciles à discerner. Malgré l’abondance des auteurs, la sévérité des ouvrages rebute trop souvent les jeunes désirant se faire une vision de l’histoire locale. Wikipédia aujourd’hui, s’avère riche en enseignements mais le contenu y est trop épars et ne reflète pas toujours notre identité historique.

La synthèse que nous vous proposons dans ce douzième numéro, n’a d’autre ambition que de susciter la curiosité des lieux de notre commune et d’inciter des chercheurs à poursuivre plus avant. Les outils sont nombreux, jamais nous n’avons eu à disposition une telle masse d’archives aussi facile à consulter que sur le net. Rassemblons ce qui est épars ! Profitons-en !

Il y a très longtemps, des chasseurs cueilleurs se sont arrêtés dans notre vallée, l’ont améliorée. Ils ont cultivé le sol, pêché la rivière, élevé des animaux, pratiqué le commerce. Ils ont construit des maisons, tracé des routes, élevé des enfants, fondé des familles, des dynasties, enterré leurs morts. Les guerres, les invasions, les épidémies ont été autant d’obstacles à la construction d’un patrimoine qui est malgré tout parvenu jusqu’à notre époque. Nous avons le devoir d’en conserver le souvenir. Ainsi que nous l’indique Proust, la toponymie et surtout la topographie nous donnent à saisir les traditions orales et nous permettent d’en restituer une chronologie compatible avec l’offre des ressources.

Abordé en 2017 au cours d’une conférence à la Bibliothèque Municipale, le sujet des Villae s’adressait aux élèves de CM1/CM2. Des origines à la période gallo-romaine, il s’arrête à l’instauration de l’impôt foncier ainsi qu’à l’établissement par l’empire romain, d’un cadastre recensant toutes les propriétés.

Au début du vingtième siècle, Georges Guyot, élu local, invite un Parisien imaginaire à faire le Tour du Finage par les lieux dits d’un cadastre vieux de mille cinq cents ans. Quelque peu scolaire et rédigé en alexandrins, le récit de cette balade nous livre avec esprit la mémoire de légendes et de coutumes aujourd’hui disparues. La condescendance des vacanciers parisiens de l’époque y est même soulignée, ce qui rend précieux un témoignage indispensable à la conservation de notre mémoire patrimoniale et s’inscrit naturellement dans la continuité de l’évocation des villae.

Nous vous en souhaitons une lecture indulgente…

Raymond Dhélin

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REVUE DES AMIS DE LA COLLÉGIALE D’APPOIGNY N°11 2018

Venue du fond des temps, seule femme parmi les prophètes, la Sibylle, s’avère plus moderne que jamais. Depuis le Moyen Âge, elle apparait à la charnière de l’écrit et de la parole. Elle personnifie l’affranchissement des femmes écrivains bien avant nos écrivaines au si vilain nom.

Une et multiple, elle relie païens et chrétiens. Annonciatrice de résurrection, voire de renaissance, elle les conduit d’une humanité mortelle à une divinité éternelle.

Harcelée sexuellement par un « Apollon », la Sibylle obtient, en échange de ses faveurs, un millénaire d’existence mais sans la dispense de la vieillesse. Telle une momie desséchée, elle se recroqueville au plafond de sa grotte, abandonnée, oubliée et finalement invisible.

Qui mieux que la Sibylle peut personnifier l’actualité brûlante de notre époque ?

Qui mieux que la Sibylle peut personnifier les décrépitudes de notre collégiale ? Bien que huit fois centenaire, cette dernière n’en subit pas moins les injures d’un temps qui la conduit inexorablement de l’ordre du construit, au désordre du tas de pierres.

Recroquevillée au mur nord de l’église, la Sibylle d’Appoigny était abandonnée, oubliée et finalement invisible aux yeux des Époniens. Curieusement c’est à la première phase de la restauration que nous fûmes incités à déchiffrer cette figure étrange.

Fallait-il y voir quelque signe ?

Un académicien du siècle dernier compare la Sibylle à une rose de Jéricho. Recroquevillée, elle aussi, en milieu désert, elle attend la moindre goutte d’eau pour reverdir et renaître.

Bien que cette eau soit un élément plutôt destructeur pour la collégiale, Sibylle et Restauration ne pouvaient être traitées que dans un seul et même Cahiers.

Nous vous en souhaitons bonne lecture.

R.Dhélin

Cette plante saharo-arabique connue jusqu’en Iran est de la famille des Brassicacées. Son nom latin est Anastica hierchuntica. Les parterres entiers de roses de Jéricho de l’oued Indjaren sur le plateau du Tassili des Ajjers sont bien connus des nomades de cette région qui la nomment « Akaraba », ce qui signifie « Griffe de sorcière » en langue touarègue. Elle pousse en abondance sur les plateaux caillouteux du Sahara central ou dans les dépressions sableuses du Sahara septentrional. Elle est une formidable adaptation à la sècheresse avec ses feuilles un peu charnues et couvertes de poils denses protégeant les stomates. Quand il fait trop sec, quand les pluies deviennent rares et se font attendre, la plante entière s’indure, se dessèche et se replie en une boule ligneuse protégeant les minuscules graines enfermées dans de petites siliques ovoïdes. Dès que les précipitations deviennent suffisamment abondantes, la plante déploie ses tiges ligneuses libérant les graines qui peuvent alors germer. Difficile alors d’imaginer qu’il s’agit de la même plante entre ces fragiles plantes vertes aux délicates petites fleurs blanches qui s’épanouissent après une saison pluvieuse et les pieds desséchés et recroquevillés fortement ancrés dans le sol par une solide racine pivotante.

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